Né en Algérie, Pierre Yborra est arrivé en France en 1962. Personnages réels ou sublimés, mémoire intacte pour la précision des situations. Quel plaisir de découvrir ses histoires de vie pour nous les raconter... Au bout de sa plume, un océan de drôlerie ! Avec Le Pain de mon Père, son premier livre, suivi du Pain perdu, Pierre Yborra nous fait découvrir l'Algérie de son enfance, puis sa nouvelle vie dans la France des « Trente Glorieuses ». Le Banc, son troisième livre, raconte l'histoire d'un homme qui l'amène dans un univers mondain et l'entraîne dans une double vie… Son quatrième : Au 4 de la Rue Rapide est l'histoire d'une rencontre singulière à 20 ans que le temps a embellie...
En ce jour du 19 août 1945, ma mère a poireauté huit heures sous la verrière de la gare de l’Est. Elle était arrivée la veille de sa province, elle avait reçu un appel, un courrier, un truc provenant de l’hôtel Lutetia qui lui disait que son mari serait dans le train qui le ramènerait d’Allemagne. Une histoire banale pour l’époque.
Elle était heureuse, Hermine : c'était la première fois qu'un homme s'intéressait à elle. Il avait fallu qu'elle attende ses vingt-six ans pour vivre cet instant. Et dire qu'elle avait failli, une fois de plus, refuser à sa sœur Edmée de l'accompagner à la sauterie du dimanche après-midi à la salle de l'Oratoire. Edmée avait insisté comme d'habitude, elle...
« Quel plaisir de lire ce nouveau roman de Pierre Yborra, quelle plume ! On apprend plein de mots d’argot, on pense souvent à Audiard... Et cet Antoine, quel personnage ! »
« Je ne peux pas dire, quand je suis arrivé en ce mois de février 1942, le deux pour être précis, s’il faisait beau, s’il pleuvait, neigeait, tombait des hallebardes. Je ne me suis pas renseigné sur le climat de ce jour. Je sais, par contre, que c’était le jour de la Chandeleur : la fête des crêpes. Je sais aussi que ma mère a perdu ses eaux à 17 heures,...
J’étais marié depuis presque trois ans. Et déjà je ronronnais dans mon couple. J’avais tout ce qu’il fallait pour bourdonner dans le bonheur. Une belle télé Pathé Marconi flambante neuve. Du papier peint à gros ramages orange sur les murs de mon séjour. Une salle de bain rose dragée. Une banquette salon en similicuir noir sur les accoudoirs et les bords....
C’était autour de dix heures, par un appel téléphonique en mai 2002, que j’ai appris la mort de ma vieille connaissance : Joseph Tigereau. « Oui, oui, j’irai, OK, demain à 15 heures à l’église Saint-Antoine », me suis-je entendu répondre. Cela faisait quelques années que je ne le voyais plus. La vie, la retraite m’avaient éloigné de la petite ville dans...
1962 : Pierre, poussé par l'histoire, quitte Guyotville le village d'Algérie où il est né. Jeune conscrit, il largue les amarres d'une vie heureuse et insouciante. Il part à la conquête de la métropole, avide de découvrir la France qui hante ses rêves. Sa deuxième vie sera là, où il assouvira sa passion de cultures et de rencontres. 2006 : Appel...
C’est quoi ce téléphone qui sonne ? J’ouvre un œil, je regarde mon réveil, il est deux heures du mat. Je sors de mon lit, je me tape le tibia à l’angle du plumard, j’abomine le con qui m’appelle. Je me pilote dans le noir jusqu’au bureau, le téléphone sonne toujours. Je décroche, je n’ai pas le temps de dire un mot que je distingue une voix que je connais...
J’attendais dix-huit heures avec impatience, je peux dire que je m’emmerdais sec dans ce Salon du livre. Quelle idée avais-je eue d’accepter cette participation ? Encore une fois je n’ai pas su dire non, encore une fois je m’étais laissé embarquer (…) Cette kermesse, pour faire bon poids à l’ennui, se tenait sur un week-end de décembre dans une salle de...